[17 sept. 1809] Olemme suomalainen ensin. [PV Russie]

« Finlandais ! Avec cette paix, la Couronne suédoise perd un tiers de son territoire. La Suède perd pour toujours la fière nation finlandaise, son soutien le plus fort. Et ce n’est pas tout : l’armée suédoise perd le noyau et une grande partie de son pouvoir militaire. La patrie est détruite, soumise à la douleur et dépourvue de prouesses irremplaçables. Suédois ! Soyez fiers d’avoir connu ces Finlandais maintenant démantelés » - Georg Carl von Döblen, major-général suédois

Le Royaume de Suède-Finlande n’était plus. Tino avait fait ses adieux. Moï moï Berwald. C’était marrant le temps que ça a duré. Enfin, marrant. Si on pouvait considérer des siècles de soumission à la couronne suédoise comme marrants. Mais le finlandais avait fini par s’accommoder à la présence suédoise. Il parlait même la langue, en plus de son jeune finnois des campagnes. C’était bien, c’était tranquille, malgré la soif de conquêtes de Berwald. Malgré les guerres, les campagnes militaires dont il ne voulait pas entendre parler. Jusqu’aux guerres napoléoniennes. Jusqu’à la défaite du dit Napoléon, et de ses alliés. Et de la Suède. Non attendez, rayez ça. La Suède n’était pas perdante. Elle gagnait la Norvège. Mais perdait la Finlande.

Et Tino dans cette histoire ? Obligé d’aller se faire empapaouter chez les russes, da ? Pas content le finlandais, pas content. Surtout que les russes c’est pas très gentil. Il aimait bien leur botter le cul, alors forcément, il avait aucune envie de devoir répondre de ses actes à quelqu’un comme Ivan. Mais en tant que simple province, n’ayant aucune souveraineté nationale, Tino était loin d’avoir le choix. Il devait subir, encore et toujours, ce que les grands avaient décidé. Un jour ça se paierait, un jour, la Finlande se lèverait. Mais. Pas aujourd’hui.

Ce jour-là, après avoir fait bye bye à la grande folle suédoise, le finlandais était planté devant le bureau de la montagne russe. Toc toc ou pas toc toc ? Tino était en pleine hésitation, à savoir s’il devait frapper poliment sur le panneau de bois, ou débarquer comme un sauvage. A choisir il aurait bien envie de lui jeter sa botte à la figure. Mais il décida de faire profil bas, et entra, tout simplement, sans s’annoncer, sans frapper. Parce que rien à foutre, il n’allait pas non plus se laisser marcher dessus.

« Moï, Ivan. » fit-il, toisant le russe du haut de son petit mètre soixante

C’est qu’il avait pas encore fait sa dernière poussée de croissance, fichtre.

Toisant de toute sa petite hauteur le représentant russe, Tino essayait de se donner une contenance qu’il n’avait pas. Mais sa fierté l’empêchait de s’écraser et de simplement jouer au balte. Il était la Finlande, bon sang, tout un fier peuple qui leur avait botté le cul, à ces empaffés de russkofs. Il avait pas encore perdu de sa superbe, le fier lion finlandais, orgueil hérité de trop de siècles passés sous le joug suédois, peut-être. Ou alors la vodka finnoise qu’il avait ingurgitée avant de venir, histoire de se réchauffer le cœur.

« привет, Tino. Et bienvenue en territoire Russe. »

Tino grimaça, fronçant le nez comme s’il avait une bouse dessous, lui donnant un air pincé et détestable. Comme il préférait sourire et répandre un parfum de joie, plutôt que l’amertume de la défaite. Surtout que c’était pas SA défaite. Il maudissait presque Berwald pour le coup, et cette tâche de Bernadote qui préférait récupérer Norvège plutôt que lui. Bande de poltrons. A eux tous ils les auraient niqués ces soviets.

« Ouais c’est ça, garde tes politesses pour toi. Ca me passe au dessus. »

Tino gardait le menton levé, encore trop sûr de lui, finlandais et fier jusqu’au bout. C’est pas le gros pays de l’est qui lui ferait peur. Surtout qu’il lui en voulait encore. Il lui en voudrait toujours de toute façon. Les russes ne sont que des bons à rien, signe de malheur et de déchéance. Ivan lui donnait de l’urticaire par sa simple présence, c’est dire s’il avait envie de se barrer vite fait bien fait de ce bureau puant.

L’habit ne fait pas le moine comme on dit. Mais pour Tino, l’habit faisait tout à fait le moine. Ses fringues pourtant propres étaient mal arrangées, sa cravate dénouée, ses chaussures mal lacées. Il avait tout simplement la tenue de celui qui s’était habillé pour ne pas se retrouver en caleçon, il n’en avait rien à foutre d’avoir l’air classe et bien sur lui devant Ivan. Il voulait juste chopper le papelard qui disait officiellement qu’il était Grand Duché russe et se barrer vite fait bien fait. Il resterait dans sa petite forteresse de Sveaborg et laisserait le grand manitou gérer depuis sa tour d’ivoire imaginaire, bataillant pour son peuple en silence.

Malheureusement, le Russe n’avait pas l’air du même avis que Tino. Sa grande paluche sur son épaule de fillette le fit courber l’échine dans un réflexe imperceptible. Mais il n’avait pas envie de courber le dos face à lui. C’est pour ça qu’il se redressa de toute sa hauteur et planta ses orbes bleues dans celles du Russe, le jaugeant du regard. Les sourcils légèrement froncés, le finlandais n’avait rien du petit gars tout sourire plein de fleurs dans les yeux.

« Remercie-moi. »

Tino haussa un sourcil. Le remercier ? De quoi il parlait encore ce mongole de l’Est ? Il ne lui devait rien, absolument rien, alors il pouvait toujours crever pour qu’un merci, ou un truc qui y ressemble, sorte de sa bouche. Tino était gentil, mais il y avait des limites.

« Te remercier de quoi ? Si t’as gagné c’est que mes hommes avaient ordre de te laisser du terrain. Si t’as gagné c’est qu’on ne s’est pas défendus jusqu’à Sveaborg. T’as gagné grâce à une erreur stratégique, rien qui nécessite des remerciements de ma part. »

Et il se retint de cracher au sol.