On est Awesome ou On ne l'est pas ... [PV : Prusse]

Canada fixa sa montre pour la trentième fois consécutive. Assis sur une chaise dans une petite cabane, il regardait droit devant lui, tendu comme jamais, son ours blanc serré dans ses bras. On se demandait bien comment l'animal pouvait respirer avec la pression qu'exerçait le blond sur lui ... Stress. Yep, voilà qui résumait bien la situation. Il avait peur de ce qui allait se passer quand l'autre arriverait. Qu'est-ce qui lui avait pris de donner rendez-vous à cette personne ? Il y a des fois où il s'inquiétait de sa propre santé mentale ... Toute personne saine d'esprit aurait évité de fréquenter ce type. On l'avait d'ailleurs mis en garde lors de divers sommets. Et lui, plouf, il se jetait carrément dans la gueule du loup. Non, non, ce n'est pas du masochisme contrairement aux apparences ...

Bon, je suppose que vous vous demandez sûrement que fout Canada au beau milieu de la Forêt Noire, dans une cabane à poireauter ? Bonne question ... Disons qu'il attendait quelqu'un. Ouais, c'est vague, je sais. Mais bon, si je ne fais pas un peu de suspens, vous allez vous ennuyer - si ce n'est pas déjà fait. Bref, tout avait commencé il a quelques mois de cela lors d'un sommet sur ... Euh, le sujet n'a aucune importance - tout ça parce qu'il ne s'en souvenait plus. Comme d'habitude, Canada avait passé sa journée à répéter inlassablement 'Je suis Canada.' et à faire tapisserie. En fait, pratiquement personne n'avait engagé la conversation avec lui ce jour-là ... Tout le monde l'avait encore oublié. Bah, ça arrivait tellement souvent que maintenant, il disait ça avec le sourire. Sérieusement, un jour, il faudra qu'il compte le nombre de fois où il décline son identité. Plus que la dette française, c'était pas possible autrement ! Je m'éloigne, revenons à nos oursons - blancs, cela va de soi. Par pur hasard, il avait adressé la parole à un gars albinos. Prusse ... Okey, cette nation n'existait plus. Mais il semblerait que son représentant soit encore bel et bien là. D'ailleurs, on ne peut pas le louper, soit dit en passant. Dès le départ, ce mec avait inspiré total respect au Canadien. Lui qui n'avait aucune classe, que tout le monde oubliait sans cesse, dont la confiance en soit atteignait facilement les nombres négatifs, il avait trouvé son total opposé. Un peu hésitant et avec sa timidité habituelle, il avait donné rendez-vous à Prusse plus tard. Pourquoi ? Et bien, vous le serez au prochain épisode et ... Quoi ?! Comment ça je peux pas envoyer la pub ?! Zut, j'ai pas rempli mon quota semblerait-il ...

Reprenons donc, Le but de l'opération était simple, il allait demander à Prusse de lui apprendre à s'imposer et à être 'totaly awesome'. Peut-être que s'il gagnait en assurance, les autres allaient enfin l'écouter ? Mouais, l'espoir fait vivre comme on dit. Bien sûr, il offrirait quelque chose en retour à ce dernier pour son aide ... Il n'était pas du genre à exploiter les autres sans remerciements, bonne poire qu'il était. Il n'avait aucune idée de ce qu'il pourrait offrir au Prussien en retour ... Maple Syrup ? Beu, ça m'étonnerait que cela soit suffisant. De toute manière, il aviserait en temps voulu. Le rendez-vous avait donc été fixé aujourd'hui même dans cette fichue cabane en plein milieu de cette fichue forêt qui n'avait rien de rassurant. Toujours assis sur sa chaise, Canada regardait par la fenêtre, pensant au déroulement de la future rencontre. Et si Prusse l'envoyait balader ? Possibilité non négligeable. Surtout que Canada craignait le pire quant à la récompense que demanderait l'autre. Lorsqu'il avait évoqué le dédommagement au sommet, Prusse s'était illuminé, ce qui ne présageait rien de bon. Aww, s'il avait su, il ne serait pas venu et aurait squatté chez America. D'accord ce dernier lui tapait sur le système quelquefois. Mais bon, il l'aimait bien ... Un peu. Juste un peu.
Le bruit de porte qui s'ouvre faillit rompre le cœur de Canada qui ne s'y attendait pas.

« Bonjour. »

Se contenta-t-il de dire de sa petite voix toute meugnone, resserrant sa prise sur Kumajiru qui allait vraiment finir par mourir asphyxier à ce train-là. Allez, courage Canada ! Prusse ne doit pas être si terrible qu'on le dit.

Imagine que tu es ... Une chaise ? Non, c'est bien trop voyant ... Dans ce cas, imite une table. Arf, mauvaise idée également. Euh, un piano ? Ouais, voilà, tu es un piano, répète-le en boucle dans ta tête et le vilain monsieur qui fait peur va partir - à moins qu'il ait envie de se la jouer Mozart et là, t'es bien dans la HUM HUM jusqu'au cou. Bon, d'accord, j'avoue que la stratégie du camouflage en piano est foireuse - et pas qu'un peu. Mais bon, vous en connaissez des tonnes des manières de paraître invisible ? Dans ce domaine, Canada était pourtant le maître des maîtres ... Sauf que dans le cas présent, c'était dur de se barrer quand un gars de trente mètres vous toise de toute sa hauteur et vous coupe tout espace de sortie. Ouais, je sais, c'est débile. Canada était partant pour venir et maintenant que l'action était véritablement lancée, il voulait se barrer comme un voleur. A peine contradictoire notre mangeur de sirop d'érable. Pendant une seconde et demie, il eut un regain de win attitude et il tendit courageusement sa main pour une poignée de bienvenue. Enfin, une poignée ... Peut-on appeler cela une poignée de main amicale quand vous avez l'impression que vous venez de passer dans un broyeur automatique ? Sous un petit couinement tout cute comme les fan-girls les aime, le pauvre Canadien récupéra sa main - ou plutôt ce qu'il en restait. Il n'allait pas se démotiver pour si peu ... Après tout, jouer au baseball avec Alfred était bien pire niveau séquelles physiques. Bonne résolution numéro une : arrêter de gémir pour un rien sinon il passerait toujours pour tapette devant America. Mais bon, comme toute résolution qui se respecte, on la tient deux minutes avant de complètement l'oublier.

On pouvait dire que tout se passait bien (quand je vous dis que Canada est masochiste, croyez-moi. ) ... Sauf quand l'expression 'Petit Soumis' atteignit le cerveau de Matthew, un énorme 'Whaaaat ?!' résonnant dans sa boîte crânienne.

« Ne-ne m'appelle pas comme ça, s'il te plait, c'est gênant ... »

Il détourna le visage rouge pivoine. Ça lui rappelait la bonne vieille époque chez France ... Que son premier père le surnomme ainsi ne l'aurait pas gêné outre mesure, de toute façon, à force que l'autre sorte des perversités en tout genre, il ne les entendait même plus. Mais qu'un gars qu'il avait vu trois fois à tout casser face de même, c'était troublant voire carrément flippant. Brrr. Je vous fais grâce de la scène qui se jouait dans l'esprit de Matthew. Re-Brrr. A vous glacer le sang. Une fois sa rougeur disparue - ce qui prit un petit moment quand même - la Canadien hocha la tête en signe qu'il acceptait le contrat. Oulala, il ne savait pas dans quoi il mettait les pieds le pauvre. En un simple mouvement, il venait de conclure un pacte avec le diable. Il allait souffrir GNARK GNARK.

« Je ferais tout ce que tu voudras du moment que tu m'aides. »

Ajouta-t-il maladroitement, enfouissant sa tête dans son ours par la même occasion. Et il se tut définitivement. Non, non, je vous rassure de suite, il n'était pas mort - du moins, pas encore. Disons que quand une personne le fixe ainsi, il avait tendance à la fermer.